Hytale : le projet renaît de ses cendres entre les mains de ses créateurs

Quand Hytale avait été dévoilé pour la première fois, l’enthousiasme avait été immédiat. Présenté comme un “Minecraft nouvelle génération” porté par les créateurs d’Hypixel, le jeu promettait l’impossible : monde ouvert dynamique, outils de création avancés, moteur pensé pour les moddeurs, et une vision rarement observée dans ce type de projet. Une ambition telle que le jeu avait rapidement été racheté par un géant de l’industrie : Riot Games.

Puis tout s’est compliqué. Les mises à jour se sont espacées, la communication est devenue fragmentaire, et en juin 2025, un communiqué officialise ce que beaucoup redoutaient : l’arrêt du développement de Hytale. Pour la majorité des joueurs, l’histoire semblait terminée.

Sauf qu’elle ne l’était pas.

Un coup de théâtre : Hytale est sauvé

Le 17 novembre 2025, l’information tombe sans prévenir. Simon Collins-Laflamme, cofondateur d’Hypixel, annonce qu’il a racheté Hytale à Riot Games.
La déclaration, sobre et directe, fait immédiatement le tour des communautés :
“On l’a fait. Hytale est sauvé.”

Plus personne ne s’attendait réellement à un retour, et encore moins à ce que l’initiative vienne du cœur du projet d’origine. Selon Simon, la décision s’est prise dans l’urgence, presque émotionnellement, dans les jours qui ont suivi l’annonce de l’arrêt. Le but n’était pas de monter une opération lourde, mais simplement de ne pas laisser mourir le projet qui avait mobilisé des millions de joueurs.

Le retour des anciens développeurs

Très vite après la transaction, Simon contacte les anciens membres de l’équipe Hytale, ceux qui avaient conçu les premières versions jouables : le moteur initial, les outils pour le modding, les démos techniques, les prototypes d’aventure et les systèmes de génération de monde.

Résultat : plus de trente développeurs acceptent de revenir, parfois du jour au lendemain.
Cette décision change tout. Ils connaissent déjà le cœur du jeu, ses limites, sa structure, et surtout : ils savent exactement pourquoi le projet avançait si lentement sous Riot.

L’objectif n’est pas de reconstruire un studio massif, mais de revenir à une organisation simple, capable d’avancer sans passer des mois à valider chaque étape.

Deux moteurs, un choix difficile

En rouvrant les archives du jeu, l’équipe découvre que deux moteurs coexistent :

• le moteur original, celui des premières démos publiques, fonctionnel, cohérent, utilisé pour toutes les présentations initiales
• un moteur plus récent, pensé pour le multiplateforme, intégrant des ambitions techniques vastes, mais encore loin d’être exploitable

Sous Riot, l’équipe travaillait sur ce second moteur, avec l’idée de proposer une version capable de tourner sur PC, consoles et peut-être mobile. Mais cet objectif avait un coût : des années de développement supplémentaires.

Pour relancer le projet rapidement, le choix est donc tranché : retour au moteur d’origine. Même s’il est moins “techniquement parfait”, il permet de reprendre une base concrète et de proposer quelque chose aux joueurs sans attendre plusieurs années.

Ce choix stratégique change la nature du projet : l’efficacité avant la perfection.

Une philosophie différente : publier tôt, corriger ensuite

Le premier cycle de développement de Hytale était marqué par l’ambition : moteur multiplateforme, modes de jeu variés, partenariat avec un grand éditeur, pipelines internes dignes de productions AAA.
Résultat : le projet s’est paralysé.

Cette fois-ci, la feuille de route est inversée :

• publier tôt
• publier simple
• améliorer en public
• itérer vite
• accepter les imperfections

Les développeurs l’assument : les premières versions seront brutes. Il y aura des bugs, du contenu manquant, des mécaniques incomplètes. L’idée n’est plus de livrer une version “parfaite”, mais une version jouable.

Un accès anticipé pour reconstruire avec les joueurs

Hytale reviendra via un accès anticipé, dont la date devrait être annoncée prochainement.

Cet accès mettra l’accent sur trois piliers :

• explorer
  mettre les mains dans le moteur, découvrir le monde, tester les systèmes
• construire
  utiliser les outils intégrés pour bâtir, modifier, expérimenter
• modifier le jeu
  accéder rapidement au potentiel créatif de Hytale, qui a toujours été son ADN

Le reste du contenu – aventure scénarisée, mini-jeux, progression narrative – arrivera plus tard.

Pour l’instant, l’accès anticipé est prévu uniquement sur Windows, afin de se concentrer sur un environnement stable.
Pas de promesses trop tôt : les autres plateformes viendront peut-être ensuite, mais rien n’est annoncé officiellement.

Une communication plus transparente

L’un des reproches majeurs des joueurs lors du premier cycle était le silence. Les annonces étaient trop rares, trop contrôlées, trop éloignées du développement réel.
Cette fois, l’équipe veut faire l’inverse : montrer, même quand c’est imparfait.

Les développeurs promettent :

• des notes de versions régulières
• des présentations d’outils
• des images de gameplay
• des retours honnêtes sur les décisions
• des changements rapides selon la communauté

L’idée est d’éviter à tout prix les années de flou qui ont tué l’intérêt du public.

Changer l’échelle du projet

Le retour de Hytale n’est plus celui d’un projet gigantesque épaulé par un éditeur AAA.
C’est un projet indépendant, porté par ceux qui l’ont inventé, avec leur expérience, leur passion, mais aussi une lucidité sur leurs moyens.

Ce choix change beaucoup de choses :

• moins de contraintes commerciales
• plus d’agilité
• moins de pression technologique
• plus d’expérimentation
• un jeu construit avec les joueurs

Hytale est donc en train de devenir ce qu’il aurait dû être dès le départ : un bac à sable créatif, conçu pour les moddeurs, les mapmakers, les créateurs de serveurs – une extension de ce que Minecraft a initié, mais avec une architecture plus ouverte, plus modulaire.

Un modèle économique pensé pour la communauté

Même si rien n’est définitif, la première feuille de route suggérée par Simon décrit un accès anticipé en plusieurs éditions, avec une philosophie proche du financement participatif, mais intégrée au jeu :

• une version standard, pour jouer sans engagement
• une édition supporter, avec des cosmétiques en remerciement
• un pack fondateur, avec bonus exclusifs, plusieurs clés et avantages limités

L’idée n’est pas de forcer à l’achat, mais de proposer des niveaux de soutien adaptés à l’implication des joueurs.

Conclusion : une renaissance inattendue

Hytale fait partie de ces projets qui ont enflammé l’imaginaire des joueurs, avant de disparaître presque complètement.
Mais contre toute attente, le jeu revient – pas porté par une multinationale, mais par les personnes qui l’ont rêvé.

Ce n’est plus un “Minecraft killer”, ni un blockbuster annoncé. C’est un jeu qui revient à sa nature : un monde construit pour créer, pour expérimenter, pour modder.

La route sera longue, les premières versions seront imparfaites, et tout ne fonctionnera pas dès le premier jour. Mais pour la première fois depuis longtemps, les joueurs peuvent à nouveau imaginer un avenir pour Hytale – un avenir qui se construit, pierre par pierre, au vu de tous.